Écoute
Ecoute, écoute, écoute
Ecoute les mots figés en moi, écoute ce qui a cru devoir arrêter son mouvement pour coller aux attentes et me donner forme de survenir.
Écoute, laisse-moi émerger, écoute les mouvements en dessous comme une lave.
Écoute dans le vent que mes mots sont des oiseaux vivants dont la chanson n’est jamais la même en fonction du temps.
Écoute les mots pour qu’ils défassent les dires, les mailles trop serrées d’un échouement à devenir neuve.
Écoute, écoute, écoute ma soif, écoute le creux et le néant.
Écoute ce que j’ai mis par dessus pour ne pas sombrer, écoute.
Dis pour dédire, dires pour délire. Délie moi des mots morts, des mots trop pleins, des mots gras et lourds d’un sens unique et d’impasse en aspiration.
Écoute, écoute, écoute, le rythme n’est pas donné.
Écoute, écoute ce cri du dedans qui voudrait déchirer, déchirer les voiles pour que perle une des autres vérités, pour qu’émane le parfum du nard et de la pruche emmêlés.
Écoute, écoute ma peur de me dissoudre et mon envie de retrouver l’élan, écoute ce qui ne peut plus s’inventer.
Écoute, écoute là, au creux de mon silence, la vibration de mes mots gelés.
Écoute, fais résonner dans ta voix les mots de l’absence et les mots du passé.
Écoute, écoute et fraye toi à la machette créatrice, à la machette de ces mots retrouvés, l’espace d’une nouvelle liberté.
Écoute, écoute, écoute ce que je ne suis pas, dis-le pour qu’apparaisse ce qui n’a pas de mots, qui ne saurait se voir.
Prête-moi tes mots, pour faire voler les voiles et accepter que tu ne toucheras jamais le mystère qui m’habite.
Écoute mon chant, rends-le moi et perds-le dans le vent.
Écoute, écoute, écoute, écoute, écoute le rythme de mon cœur, écoute la danse de mon âme.
Écoute, écoute, prête-moi la voix du dedans, pour que dans l’espace entre nous résonne tous les sens de mes amoindrissements et se réveillent le château, le palais de mes nouvelles vies.
Écoute ami, écoute ami, écoute et prends ma main, montre-moi l’endroit où je pourrais me perdre pour que derrière les voiles de Marie et les écarts, la musique émerge du dedans.
Écoute
Écoute
Parfum
Marie Vialard-Hauser, 2017
2 réponses
Merci infiniment pour ce poème magnifique
Merci infiniment pour ce poème magnifique